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Fondation L
e 12 avril 1729, le roi de France, Louis XV, concède au marquis Charles de Beauharnois, gouverneur du Canada, et à son frère, Claude de Beauharnois, un domaine de six lieues carrées; concession connue sous le nom de Villechauve. C'est d'une partie de cette seigneurie qu'ont été formé la paroisse, la ville et les villages situés dans la paroisse St-Clément, aujourd'hui Beauharnois, Maple-Grove, Melocheville et St-Étienne.
Manoir Ellice Le manoir Ellice est l'un des derniers manoirs seigneuriaux construits avant l'abolition du régime seigneurial. Son importance se démontre, notamment, par la quantité impressionnante d'informations et d'archives (nationales, entre autres). Son ancienneté, sa valeur historique et son environnement font de ce manoir un joyau à préserver. Sa localisation au centre villageois lui donne également un rôle de lieu-phare dans Beauharnois. Ainsi, les censitaires ou les paysans cultivant sur le territoire de la seigneurie devaient se rapporter au seigneur.
Par la suite, le site est devenu un endroit identifié aux religieuses enseignant aux jeunes filles de Beauharnois. À compter de 1896, le Manoir était associé à un membre d'une riche famille de l'industrie de lainage et de l'hydroélectricité de Beauharnois. Enfin, en 1923, le Manoir est devenu un lieu de résidence à des fins d'enseignement. Il est demeuré, tout au cours de son histoire un lieu connu par les citoyens de la ville. Il fait partie d'un ensemble de bâtiments qui constituaient des dépendances (bureau seigneurial, maison du gardien) et autour duquel on retrouve d'autres constructions d'intérêt (église presbytérienne, etc.).
C'est un bâtiment qui n'échappe pas au regard. Il a connu plusieurs altérations qui ont affecté son authenticité. Il a été transformé, à travers l'histoire, par des modes architecturales, des interventions douteuses (le crépi a été enlevé par un projet de jeunes il y a une vingtaine d'années) et du vandalisme. Cependant, sa reconstitution serait facile à faire étant donné l'abondante documentation à son sujet. La terminologie de « Manoir » désignant le lieu a perduré dans la mémoire collective. Nous voulons en faire un symbole de renouveau qui stimule d'autres projets de développement.
Depuis toujours, le Manoir a participé à la vie sociale des citoyens. Maintenant barricadé, abandonné depuis 1979, placardé, pillé à travers les années, il occupe toujours le haut de la colline mais offre à tous (résidents, visiteurs, etc.) une triste image. Il est devenu en quelque sorte le symbole d'une communauté en déclin. Son état est inquiétant. Si rien n'est fait, il ne restera que sa démolition, ce qui constituerait, de l'aveu des experts consultés, un drame historique.
Historique de Beauharnois
1729 : Le 12 avril, le roi de France, Louis XV, concède au marquis Charles de Beauharnois, gouverneur du Canada, et à son frère Claude de Beauharnois, un domaine de six lieues carrées; concession connue sous le nom de Villechauve. C’est d’une partie de cette seigneurie qu’ont été formés la paroisse, la ville et les villages situés dans la paroisse St-Clément, aujourd’hui Beauharnois, Maple-Grove, Melocheville et St-Étienne.
1763 : Le 7 juin, Villechauve est cédée à Michel Chartier, seigneur de Lotbinière, pour quelque 10 000 $.
1794 : Premières requêtes des paroissiens pour l’établissement d’une desserte avec un curé résidant.
1795 : Le 30 juillet, Villechauve passe de Lotbinière à Alexandre Ellice, négociant anglais, pour 36 000 piastres d’Espagne.
1799 : Construction d’un moulin à farine qui était strict privilège du seigneur Ellice.
1813 : Le 26 octobre a lieu la bataille de la Châteauguay. La division de Beauharnois, qui comptait 4 capitaines de Beauharnois fut à l’honneur lors de cette glorieuse journée qui vit les troupes américaines repoussées.
1818 : La première église fut achevée et bénite le 17 décembre.
1819 : La paroisse St-Clément compte 1076 âmes.
1819 : Établissement d’une desserte avec un curé résidant. Le premier acte officiel dans les registres de la paroisse est daté du 2 janvier 1819.
1825 : Ouverture du premier magasin de quelque importance par John Ross et William Becker; un magasin général selon la tradition orale.
Naissance à Beauharnois de Joseph Doutre. Avocat de la famille Guibord, il intenta des poursuites contre les autorités ecclésiastiques de Montréal.
1829 : Arrivée du premier service d’utilité publique : le bureau des postes.
1834 : Début des travaux de construction de l’église presbytérienne St-Edwards.
1835 : Érection de la paroisse civile de Beauharnois.
1838 : Insurrection patriote à Beauharnois : des échauffourées plutôt que des batailles. Cependant, les évènements de 1838 s’inscrivent dans un cadre davantage régional, (Châteauguay, Ste-Martine, Beauharnois) voire national, et font honneur aux patriotes de notre ville. Ses habitants connaissaient en effet les conséquences d’une défaite; 37 le démontre assez clairement : incendies des maisons, saisies des biens, expatriations sont monnaies courantes. Malgré cela, les patriotes de la région n’hésiteront pas à se lancer dans l’aventure : localement, il s’agissait de mettre la main sur la réserve d’armes de l’agent seigneurial, combattre les troupes britanniques éventuelles. Bref, d’engager l’ennemi, et par la suite attendre les ²secours américains² (des armes, des troupes de frères chasseurs réfugiées aux Etats-Unis et, idéalement, des volontaires américains), tel que le prévoyait le plan original. Les patriotes démontreront beaucoup de caractère : ils feront prisonniers Edward Ellice, le fils du seigneur, son épouse et l’agent de ce dernier. Ils découvriront à regret, que la cache d’armes ne s’avère pas aussi riche que prévu. Ils attaquent par la suite le Henry Brougham, bateau dans lequel les patriotes soupçonnaient (à tort) la présence de troupes britanniques. N’ayant aucune nouvelle directive, ils tiendront quand même la ville plusieurs jours, jusqu’à ce que se présentent les troupes du Glengarry Highlanders nettement plus fortes en nombre. Jugeant le combat futile, ils essaieront néanmoins de les stopper en allant démolir un pont à St-Timothée; trop tard cependant, car les troupes seront déjà engagées sur le pont à l’arrivée des patriotes.
1839 : Scott, un banquier londonien, achète la seigneurie Ellice qu’il revend 750 000$ à une compagnie qu’il vient d’organiser : la London Land Co.
1840 : Naissance à Beauharnois de André-Napoléon Montpetit, auteur d’une série de livres de lecture pour les écoles primaires et père d’Édouard Montpetit.
1845 : L’église St-Clément s’ouvre au culte.
La paroisse St-Clément est érigée en municipalité.
Naissance de la commission scolaire St-Clément.
Ouverture du canal de Beauharnois.
Retour d’exil des patriotes dont Toussait Rochon, futur et dernier maire de Beauharnois-village.
1846 : La paroisse civile de St-Clément de Beauharnois est démembrée et le village de Beauharnois est formé.
1851 : La seigneurie est rétrocédée aux Ellice qui gardent leur domaine jusqu’en 1866.
1854 : Abolition de la tenure seigneuriale.
1855 : Passage à Beauharnois de Henri de Belvèze, capitaine de la corvette française La Capricieuse. Cette visite constitue la première mission officielle au Canada d’un représentant de la France depuis la conquête.
1857 : Beauharnois reçoit une organisation judiciaire complète.
1863 : Incorporation de Beauharnois en ville.
Naissance de la compagnie Kilgour, manufacturier de meubles.
1865 : Naissance à Beauharnois de Louis Dantin (Eugène Seers). ²C’est lui qui révèle l’œuvre de Nelligan aux Montréalais en 1902 (…).² 1
1871 : Installation de la Banque des Marchands, la première banque à Beauharnois.
Naissance à Beauharnois de Albert Laberge, auteur de La Scouine (1918) dans lequel ²certains (…) voient le premier roman naturaliste des lettres québécoises.² 1
1887 : Bell Téléphone offre ses services à la population.
1912 : Ouverture de la Howard Smith Paper Mills (aujourd’hui Spexel), fabricant de papier (le papier-monnaie entre autres).
1925 : Le curé rapporte une population de 3,403 pour 1924.
1929 : Début des travaux d’aménagements du canal de Beauharnois et construction de la centrale électrique.
1936 : Construction de la St-Lawrence Alloys.
1942 : Construction de l’usine Alcan.
1949 : Construction de Stanchem (PPG), usine de chlore-alkali.
1953 : Mise en opération de l’usine Chromasco, fonderie de ferro-alliages.
1959 : Fondation de la paroisse St-Paul.
1966 : Le bureau fédéral de la statistique dénombre une population de 8,810 personnes à Beauharnois.
1977 : Fermeture de l’établissement Kilgour. La fermeture de l’usine provoque la perte de 117 emplois directs.
1980 : Beauharnois à une population de 7,300 personnes.
1982 : Feu vert est donné à la création d’un musée à l’intérieur du chemin couvert de l’église St-Clément. Le musée Nicolas-Manny permettre de ²découvrir et apprécier notre patrimoine régional² 2
Le recensement indique une population de 6,669.
1991 : Timminco (Chromasco) et Elkem (St-Lawrence Alloys (Union Carbide) ferment leurs portes.
1992 : Hydro-Québec inaugure son nouveau Centre d’interprétation.
1995 : Fondation de Beauharnois, une place dans l’avenir.
Yvon Julien
Pierre Dupuis
1 : Dictionnaire des auteurs de langue française en Amérique du nord. Fides 1990.
2 : Journal Le soleil, 13 mars 1993.
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